Fabienne Buhler travaille à e-nov Campus depuis 2013 en tant que chargée de développement. Peu après la réhabilitation de KMØ, elle est toujours là pour assurer des missions variées, et elle se projette même dans 10 ans. Que sera KMØ en 2029 ? Lisez la suite pour le savoir.
Bonjour Fabienne. Qui êtes-vous ? Et qu’est-ce que « e-nov Campus » ?
Après une formation dans la communication, j’ai été chef de projet puis chef de comptes internationaux dans une agence de e-marketing dédié au secteur pharmaceutique. J’ai ensuite suivi une formation en coaching professionnel.
Au cours de mes activités bénévoles, j’ai rencontré des personnes d’e-nov Campus qui cherchaient quelqu’un pour organiser, animer, et suivre les e-noveurs. E-nov Campus a été créé en 2011 avec un programme de pré-incubation permettant à ceux qui avaient un projet ou une idée de tester leur marché. Je les ai rejoints en 2013 avec cette double compétence communication/coaching.
Au départ, je devais mettre en place des process, développer le réseau autour de entrepreneuriat. Nous avons notamment lancé les Startup Weekend, la formation Ligne Numérique en 2015 avec le soutien de la Région Grand Est et de Rhénatic (juste avant le lancement du label Grande Ecole du Numérique, que nous avons obtenu ensuite).
En fait, toutes les actions que l’on met en place découlent d’un besoin. On essaye toujours d’être en complémentarité avec ce qui existe, et de palier ce qui n’existe pas. C’est comme cela qu’est né la Ligne Numérique : nous arrivions à toucher un public avec le programme de pré-incubation de projets (les e-noveurs), mais d’autres talents mulhousiens ne poussaient pas notre porte car ils avaient un autre besoin. Je parle des jeunes qui sont sortis du système éducatif, qui ont des connaissances autodidactes et tout le potentiel pour exercer un métier dans le numérique, mais qui ne pensent pas que c’est possible. Nous avons créé la Ligne Numérique pour eux.
Aujourd’hui, mes missions ont un peu changé. E-nov Campus est l’animateur de l’écosystème KMØ, à savoir :
- Le Club Des Locomotives, comité stratégique industriel.
- La vie à KMØ, la communication avec les occupants/locataires.
- L’espace événementiel : 2 salles de colloques et 1 grand hall peuvent accueillir tout type d’événement en lien avec le numérique ou l’industrie.
Vous avez joué un rôle important dans le lancement de l’écosystème KMØ : racontez-nous.
Lorsque les e-noveurs étaient installés à la Fonderie, plusieurs nous ont dit que l’écosystème mis en place était très enrichissant pour eux, et qu’ils souhaitaient que cela continue (interventions de professionnels du métier, coachs, etc.). Or, leur programme avec e-nov Campus durait 10 mois. Et ensuite ?
Nous voyions le bâtiment de la SACM juste en face, et nous nous sommes imaginés que nous pourrions en faire quelque chose…
D’un autre côté, les entreprises qui s’étaient lancées dans le numérique avaient envie d’être en lien avec d’autres, avec lesquelles elles pourraient être complémentaires.
En bref, plusieurs demandes sont venues de différents endroits sur le territoire, et nous avons senti que c’était le moment de mettre en place un écosystème qui fasse se rencontrer des entrepreneurs, des entreprises, et accompagne à la transformation numérique.
Comme dit, nous fonctionnons toujours par l’expérimentation, et pour répondre aux besoins réels du terrain.
Pour l’anecdote, la personne actuellement en charge du développement chez SEMIA (à KMØ), était le premier e-noveur que j’ai suivi à mon arrivée chez e-nov Campus. Beaucoup de liens se créent !
Toutes les actions que l’on met en place découlent d’un besoin. On essaye toujours d’être en complémentarité avec ce qui existe, et de palier à ce qui n’existe pas.
Quelles actions seront mises en place pour favoriser les échanges entre les occupants de l’écosystème ?
L’idée est de faire se rencontrer les habitants. Ainsi, quand quelqu’un a un besoin, il sait qui peut y répondre au sein de l’écosystème.
Nous sommes en phase de test, il y a beaucoup de possibilités et d’idées à développer, par exemple des moments dédiés que les occupants pourraient partager, avant ou après leur journée de travail. Pour l’instant, nous sommes encore en train d’installer du mobilier, de gérer la communication sur les nombreux événements… Tout se met en place en même temps !
A savoir : les occupants ont le droit de louer les salles colloques. Ils ont un quota horaire en fonction des mètres carrés qu’ils louent. C’est compris dans leur loyer. Dans ces salles, des tableaux tactiles vont être installés très bientôt. Il sera possible d’y projeter une présentation, de l’utiliser comme tableau ou paperboard avec un stylet, d’enregistrer le rendu et de l’uploader sur un autre appareil. Bref, l’outil parfait pour les brainstormings d’équipe, ou pour organiser une rencontre entre occupants.
En fin d’année, l’espace startups va ouvrir, qui constitue la deuxième grosse partie du chantier KMØ.
Ce n’est que le début !
A quoi ressemblera KMØ dans 10 ans ?
En 2029… Laissez-moi rêver. Le 3ème bâtiment sera ouvert, on aura un toit végétalisé. La verrière des sheds aura été changée, on aura une ferme photovoltaïque. On aura implanté des carrés jardiniers et les locataires pourront y faire leur portager. On sera zéro déchet, il n’y aura plus aucun plastique dans les événements. (D’ailleurs, on est en train de tester une marque de café bio éthique avec capsule compostable, fabriquée en France.)
Il n’y aura quasiment plus de voitures, les transports doux seront privilégiés, avec la mise en place d’une navette électrique gare-KMØ. L’école de drone fera tous les ans une compétition internationale ! KidsLab investira un tiers du bâtiment d’en face, et les enfants apprendront la robotique aux adultes. Les autres bâtiments en friche seront utilisés par de nouvelles startups.
Les premiers occupants de KMØ diront à leurs enfants :
« Tu vois, ton grand-père a travaillé dans les dernières fabriques, moi j’y ai travaillé dans tel bureau en open space, et toi tu peux y étudier ! ».
The Gardian fera tous les ans un article sur “les nouveautés à ne pas rater à Mulhouse” !
Et enfin, dans 10 ans, on ne se posera plus la question du lien entre numérique et industrie. Certainement même déjà dans 5 ans. Le numérique sera naturellement intégré dans tous les secteurs. Les jeunes auront autant envie de s’envoler en drone que d’aller faire de la manutention dans l’industrie, avec l’appui bien sûr du numérique, de l’IA et de la réalité augmentée…
Personnellement, qu’est-ce qui vous plaît dans l’écosystème KMØ ?
Mettre des banquiers assis sur des licornes gonflables pour qu’ils s’entraînent avant de présenter leur pitch devant le jury (Hackaton Crédit Agricole), voilà ce qui me plait !
J’aime que tout soit en mouvement, que ce soit possible d’être disruptif, d’avoir des idées folles. Par exemple, nous avons récupéré des feux de signalisation SNCF : on ne sait pas encore ce qu’on va en faire, mais on va en faire quelque chose.
J’aime aussi le fait que KMØ ne soit pas juste “Mulhouse”, nous avons des liens avec le Québec, l’Allemagne, la Suisse.
On ne sait pas ce que ce sera demain. Peut-être que ce ne sera pas ce qu’on imagine : c’est ce que j’aime !