Luc Gaillet nous explique comment Mulhouse va redevenir la ville prospère et brillante qu’elle était au XIXème siècle. Tout cela grâce à KMØ ? Oui, entre autres ! Interview.
Bonjour Luc. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis ingénieur de formation, industriel dans le papier et le textile. Je dirige plusieurs entreprises dont la papeterie Zuber-Rieder dans le Doubs.
Administrateur de la SIM (Société Industrielle de Mulhouse) depuis 1983, j’en suis le président depuis 2010. Nous sommes plus de 200 membres, et ce nombre augmente de façon régulière.
La SIM est une association indépendante d’entrepreneurs qui existe depuis 1826. C’est l’une des plus anciennes associations françaises d’entrepreneurs, et certainement la plus ancienne dont la priorité est le développement économique et territorial.
La SIM est l’un des lieux où les entrepreneurs se retrouvent pour partager leur vision et surtout leurs actions. A côté de leur première priorité, qui est le développement de leur entreprise, Ils consacrent à la SIM une partie de leur énergie à la co-construction, avec les acteurs publics, du développement du territoire Sud Alsace (de Guebwiller à Saint-Louis et d’Ensisheim à Ferrette…).
Selon vous, pourquoi Mulhouse a besoin de KMØ ?
Mulhouse a besoin de lieux de rencontre où se construit et se développe l’intelligence collective. Le Sud Alsace a une taille « subcritique » où les réactions en chaine ne se produisent pas aussi facilement que dans les très grandes agglomérations : il faut que les acteurs se fédèrent pour que l’intelligence collective décolle.
La première originalité de KMØ est d’être un lieu atypique dense, ancré dans l’histoire industrielle de Mulhouse, et où vont se générer de nombreuses rencontres. KMØ contribuera à la fédération des acteurs de la 3ème révolution industrielle.
Toutefois, si la concentration géographique est importante, c’est une illusion de vouloir tout concentrer. KMØ sera un lieu fort au sein du « croissant technologique ouest de Mulhouse » (gare + Campus Fonderie + Campus de l’Illberg + Parc des Collines + Parc d’activités de la Mer Rouge + site DMC).
Début 2019, l’ouverture de KMØ sera un événement majeur pour le rayonnement de Mulhouse et du Sud Alsace.
A quel niveau intervenez-vous dans le projet KMØ ?
En simplifiant, on peut dire que la SIM intervient à deux niveaux :
- La construction d’une ambition Sud Alsace à l’échelle de la 3ème Révolution Industrielle, avec tout particulièrement la thématique « industrie et numérique », qui est née des discussions avec Patrick Rein et Gérald Cohen.
- L’invention d’une valorisation de notre patrimoine exceptionnel : bâti, technologique et industriel La réhabilitation de la friche industrielle de la SACM est un projet majeur du territoire, comme la réhabilitation du site DMC. Le « Projet Y », publié en 2014, donnait une première vision globale. Depuis, la dynamique est forte sur plusieurs projets, dont évidemment KMØ.
Notre ambition est d’inventer à Mulhouse au XXIème siècle une histoire aussi brillante que celle du XIXème. KMØ est l’un des lieux où la 3ème révolution industrielle va se passer.
A titre personnel, je représente la SIM au conseil d’administration d’e l’association e-nov Campus, qui est l’animateur de KMØ.
Mulhouse, l’épicentre de la 3ème révolution industrielle ! Justement, quelles sont vos perspectives pour l’industrie mulhousienne ?
Nous fabriquons aujourd’hui des briques pour construire un ensemble puissant. Sur certains segments du vaste ensemble Industrie + Numérique. Il ne nous est pas interdit de prendre une position à l’échelle européenne, ou, mieux, mondiale.
Si l’on veut rayonner, il faut être au point de départ de nouvelles innovations. Et pour cela, il faut se mettre d’accord sur les axes forts. II y a consensus sur les 5 domaines d’activités stratégiques du Sud Alsace :
- les axes de la 3ème révolution industrielle que sont le numérique, les énergies et les mobilités
- ainsi que les matériaux (chimie, textile, mécanique) et l’industrie du futur.
La réussite de KMØ du point de vue architectural est déjà acquise. A long terme, l’ambition est de faire la différence sur le plan intellectuel et industriel, réussir à positionner Mulhouse en tant que place stratégique, attractive et désirable. Nous sommes en situation de réinventer l’histoire de Mulhouse.
C’est un travail de longue haleine, à mener conjointement avec le Club des Locomotives, Campus Industrie 4.0, et tous les acteurs de la recherche et de l’innovation.
J’admets que c’est très ambitieux, mais nous pouvons raisonnablement y arriver. C’est mon expérience qui le dit : j’ai repris des entreprises en dépôt de bilan et j’en ai fait des leaders sur leur marché. Je suis convaincu que c’est possible d’y parvenir au niveau territorial.
Personnellement, qu’est-ce qui vous plait dans l’écosystème KMØ ?
Les initiatives de personnes ou d’association qui font bouger Mulhouse. L’intelligence collective qui se met en marche pour positionner le territoire à grande échelle sur certaines thématiques.
Il faut de nombreux acteurs innovants pour générer de l’émulation et atteindre une puissance réelle et un rayonnement significatif. C’est pourquoi j’inclus non seulement KMØ mais aussi la Maison de l’Industrie, 4i TEC, 4i TIM et le Salon Industrie du Futur.
KMØ s’inscrit dans la culture d’intelligence collective et la volonté de rayonnement du Sud Alsace initiées par la SIM dès 1826.
Merci !
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