Architecte associé chez DEA Architectes, François Schoeny est aux premières loges du chantier KMØ. Guillaume Delemazure, gérant de DEA Architectes, est également associé à KMØ, la société qui pilote le projet.
Aujourd’hui nous allons en savoir plus sur le rôle des architectes de KMØ dans le chantier de réhabilitation des anciens bâtiments de la Société alsacienne de constructions mécaniques.
Bonjour François. Au sein de DEA Architectes, la réhabilitation de KMØ doit représenter un projet d’ampleur pour vous !
De mon point de vue de Mulhousien, il est clair que c’est un projet important. C’est intéressant de voir ce quartier en pleine mutation !
Pour notre cabinet, c’est un grand projet de par son volume, et son programme atypique. Il s’agit d’un programme mixte faisant appel à beaucoup d’interlocuteurs, sans cahier des charges défini au départ. Ce qui fait la complexité de ce projet n’est pas le chantier de réhabilitation en lui-même, mais le montage du dossier.
Nous avons élaboré un programme avec les associés de KMØ, au fur et à mesure, en prenant en compte les nouvelles contraintes et les changements qui sont intervenus (et interviendront encore !). L’espace sera utilisé par un grand nombre de personnes et doit être flexible.
Quelles sont les spécificités de la réhabilitation d’une ancienne usine pour un architecte ?
La phase de diagnostic permet d’analyser l’état actuel du bâtiment (structure, sécurité incendie, accessibilité). Dans le cas de KMØ, la structure en bois et fonte n’est pas assez résistante au feu donc il a fallu trouver des solutions techniques.
D’autre part, la question de l’identité du projet est centrale. Il y a un héritage industriel à comprendre et à mettre en lien avec l’identité du projet actuel. Nous nous demandons ce qu’il est important de conserver (briques, sheds…), et ce qui l’est moins. Nous définissons ce qui sera fait et dans quel type d’espace.
Enfin, dans ce type de projet de réhabilitation, il faut beaucoup de flexibilité, ne pas être trop figé car le projet doit être évolutif. Ce qui garantit la pérennité d’un ouvrage, c’est sa réversibilité. C’est une notion importante dans le domaine du patrimoine. Nous respectons ce critère car il s’agit essentiellement d’aménagement intérieur dans le cas du KMØ. Les planchers, fenêtres et murs sont conservés. Dans tous les choix qui ont été faits, nous avons pris en compte le fait que le concept de KMØ peut évoluer.
Comment conserver l’héritage industriel tout en étant à la fois dans le « contemporain » ?
Nous essayons de faire en sorte que chaque projet ait son identité propre. Dans ce cas précis, nous conserverons certains éléments caractéristiques du bâtiment industriel : la grande hauteur sous plafond, les solivages visibles au plafond, les murs en brique, bref les matériaux bruts et vrais qui rappellent le passé et le vécu de ce lieu.
Les détails contemporains feront la différence et rendront le lieu chaleureux et particulier. Cela passe notamment par les choix de teintes, de luminaires (au lieu de plafonniers standards : des globes lumineux style « art déco »)…
En tant qu’architectes, notre rôle et de donner une force globale au bâtiment pour qu’il soit flexible et que les utilisateurs puissent se l’approprier. Il faut trouver un équilibre entre le côté spécifique et identitaire du projet (conservation du patrimoine), et la nécessité de rendre le visuel qualitatif et « simple » à appréhender. C’est ce qu’on essaye de viser. L’identité du bâtiment va se ressentir grâce à des choix « simples », mais toujours pérennes et justes par rapport au patrimoine.
Comment votre intervention s’articule-t-elle avec les autres sociétés qui travaillent sur le chantier ?
Nous sommes là pour assurer une continuité et une maîtrise du projet, depuis la conception jusqu’à l’achèvement du chantier. Nous accompagnons les entreprises pour qu’elles comprennent le projet. Cela correspond pour moi à plusieurs visites par semaine sur le chantier.
Un appel d’offres a été lancé pour répondre à différents besoins du cahier des charges initial (cloisons, portes, revêtements…). Mais les futurs locataires ont l’opportunité d’adapter le cahier des charges à leurs besoins. Les possibilités sont nombreuses, mais parfois limitées par des contraintes techniques. Par exemple, on peut modifier l’emplacement d’un chauffage mais pas le type de chauffage.
Qu’est-ce qui vous plait dans l’écosystème KMØ ?
La création d’un nouveau lieu qui permette de découvrir Mulhouse (je suis Mulhousien depuis une dizaine d’années), et le fait de réinvestir le patrimoine industriel !
Au-delà de cela, je reste professionnel dans ma façon de traiter ce projet afin de livrer une conception hautement qualitative, quel que soit l’écosystème qui a été pensé.
Merci François pour vos réponses !
Découvrez prochainement l’interview d’une autre personnalité de KMØ.