Après avoir interviewé 3 des premières entreprises installées à KMØ (à lire ici), c’est au tour de 3 autres habitants, qui sont arrivés au courant de l’été 2019. Sauter Régulation, Clemessy et KonexUp ont à 100 % leur place dans l’écosystème et vous allez vite comprendre pourquoi.
On commence par faire les présentations ?
Kévin Habegger : Je suis responsable technique du département OEM -Original Equipement Manufacture- chez Sauter Régulation SAS (filiale pour la partie française et luxembourgeoise du groupe Sauter Suisse).
Notre département propose aux industriels du territoire français et luxembourgeois, l’étude et la fabrication de produits pour leurs marchés de régulation intégrée à leurs fabrications.
Sauter est une entreprise créée en 1910, à l’origine dans la commutation électromécanique basée sur l’heure, qui s’est diversifiée au fur et à mesure pour intégrer ses équipements dans l’éclairage public, puis dans les ballons à eau chaude, toujours dans l’objectif d’innover dans l’automatisation, l’optimisation de la consommation énergétique…
Aujourd’hui, nos fabrications vont des moyens de mesures aux régulateurs et actionneurs, en passant par les logiciels de supervision en local ou hébergés. La particularité de notre département est de fabriquer pour nos clients OEM, des solutions complètement à façon.
Xavier-Noël Cullmann : Je suis le manager de KonexUp, la toute nouvelle entité créée au sein du groupe PROEVOLUTION (recrutement, RH), concentrée sur les métiers du digital.
Nous avons 2 approches :
- L’accompagnement à la transformation numérique, via la sensibilisation des dirigeants, des formations disruptives pour leur faire toucher les outils, l’identification des pistes à mettre en place.
- L’aide au recrutement de ceux qui piloteront le projet en interne : comment mettre en place la transformation numérique, et avec qui ? Fiches de mission, recherche des talents, management inter-générationnel, marque employeur…. Nous apportons un soutien concret.
Jean-Louis Haller : Je fais partie de la Direction Industrielle d’EES-Clemessy, où je suis chef de projet Innovations Numériques. Je dirige l’entité à KMØ.
Pour rappel, Clemessy a été fondée à Mulhouse en 1908, et appartient désormais au groupe Eiffage. Aujourd’hui, « Clemessy » est la marque dédiée à l’industrie du groupe Eiffage. Elle regroupe l’ensemble des compétences et expertises dédiées au monde de l’industrie : audit, conception, réalisation, maintenance… Nos spécialistes accompagnent tous les acteurs industriels (infrastructures, process).
Nous continuons d’innover, c’est pourquoi nous nous sommes installés à KMØ. Ici, nous développons une solution de big data, qu’on appelle Smart Forest, avec une équipe d’informaticiens et de data scientist / experts en modélisation numérique, IOT, Intelligence Artificielle. « Smart Forest » est une solution de collecte de données, couplée à un moteur d’analyse prédictive et prescriptive. Elle permet la mise en place d’intelligence artificielle, au service de l’optimisation de la maintenance des process de nos clients.
Où étiez-vous avant KMØ ?
Xavier-Noël : J’étais au Parc des Collines, au siège du groupe. Nous étions entourés de beaucoup de monde mais n’avions pas d’échanges entre voisins. Or KonexUp est portée sur le digital donc il fallait un environnement adapté. Hasard du calendrier : l’ouverture de KMØ avec des acteurs industriels et numériques ! Tous ces acteurs ont des besoins et des profils. On a des talents ici qui représentent l’avenir des métiers.
Kévin : Nous étions aussi au Parc des Collines, dans notre propre bâtiment. D’autre part, nous cherchions à avoir à portée de main des compétences pour mener la transformation numérique. Nos clients veulent des solutions clés en main avec des moyens éprouvés. Cette idée de pouvoir être avec les acteurs principaux nous a décidé à intégrer KMØ. Depuis notre arrivée en juin, j’ai pu bénéficier de l’entraide entre habitants !
Jean-Louis : Nous étions au siège historique de CLEMESSY, quartier Dornach à Mulhouse, et avons décidé de continuer, ici, quelque chose que nous avions commencé là-bas : nos travaux d’études et de développement engagés depuis 2016 afin qu’Eiffage Energie Systèmes-CLEMESSY dispose d’une offre en réponse à la transition numérique de l’industrie. Cela s’est fait de manière naturelle car notre DG fait partie du Club des Locomotives, le point de départ des idées et projets de KMØ.
Quelles nouvelles perspectives vous offre KMØ ?
Jean-Louis : Avoir un accès simplifié aux autres acteurs de la filière. Pouvoir imaginer des collaborations avec des entreprises qu’on n’aurait pas pensé à solliciter. Par ailleurs, malgré le fait que nous réalisons des systèmes informatiques depuis longtemps, nous n’étions pas connus pour cela, donc KMØ nous donne plus de visibilité en tant qu’acteur du numérique.
Xavier-Noël : KMØ nous offre un environnement propice pour échanger avec les différents métiers représentés, et faire une veille collaborative, car c’est de là que naissent les idées et que vient l’innovation. J’y trouve aussi un intérêt business : si les entreprises ont besoin de recruter, ils savent que je suis là.
Kévin : Oui, le grand avantage, c’est le réseau ! Le fait d’être à une porte l’un de l’autre permet d’échanger des idées, des questions, des raisonnements et potentiellement de répondre à nos clients – même lors d’échanges informels pendant la pause repas ou dans le couloir.
Nos clients nous demandent de plus en plus des solutions clé en main. Ils soumettent leur idée et veulent que la solution arrive par un seul et même acteur. Ici, nous avons toutes les compétences à portée de main pour nous et nos clients (développeurs, etc.).
En fait, KMØ concentre des professionnels de l’industrie et du numérique qui seuls n’auraient pas d’attrait, mais mis tous ensemble dans un même lieu, cela leur donne une visibilité et un attrait vis-à-vis d’autres acteurs. Cela créé une curiosité et c’est bénéfique pour tous.
Xavier-Noël : A KMØ, il y a aussi de nombreux événements, je peux facilement aller y faire un tour pour rencontrer du monde, car je suis sur place.
Kévin : Nos nouveaux locaux ont un autre avantage : la proximité des services pour une communication plus fluide. Nous communiquons désormais en direct avec nos collègues, et moins pas courriel, dans l’objectif de gagner en efficacité.
Xavier-Noël : De mon côté, j’ai pu penser différents espaces, car en recrutement nous touchons la génération Z dont l’approche n’est pas la même que les générations précédentes. Il y a un côté salon, télé, canapé, détente ; un espace VR. Les espaces sont séparés mais connectés car tout reste ouvert. L’espace VR est utilisé pour le recrutement. Par exemple, nous pouvons mettre deux potentiels collaborateurs en situation de stress pour communiquer entre eux afin de désamorcer une bombe. Bref, cela nous donne plus de liberté pour des recrutements différenciants.
Comment vous inscrivez-vous dans le concept industrie / numérique qui est l’ADN de KMØ ?
Xavier-Noël : En plein dedans ! Parmi nos cibles principales figurent les industries, et nous leur proposons de les aider dans leur transformation numérique (trouver les solutions, les moyens et les prestataires). Il y a encore beaucoup de PME qui ont des process anciens dont la survie est en jeu, ils doivent adapter leur process de manière moderne pour ne pas disparaître. La complémentarité industrie + numérique est très importante. C’est un domaine d’avenir, en particulier dans l’écosystème mulhousien industriel !
Kévin : Chez Sauter, nous sommes industriels. Cela nous permet d’être force de proposition vis à vis de nos clients. Nous faisons des choix d’avenir pour nous, et nos clients en font de même. S’ils sont parfois réticents au changement, nous les rassurons : « nous vous accompagnons, connaissons les contraintes de l’industriel, et les avantages du numérique ». Nous lions les deux, ce qui nous crédibilise à leurs yeux.
Un exemple pour illustrer le numérique dans l’industrie : nous développons en ce moment pour un client OEM un régulateur avec écran tactile, communicant en wifi et en IP et annexes, pour rendre son installation entièrement gérable à distance : dépannage, mise en service, vérifications…
Jean-Louis : Fondée à Mulhouse en 1908, CLEMESSY est profondément ancrée dans l’histoire de la ville. Ce qui fait notre force, c’est d’avoir un pied dans l’industrie, et un pied dans le numérique. Nous avons de nombreux experts dans de nombreux domaines. Nous pouvons concevoir et assurer la maintenance de sites industriels complets, en amenant les nouvelles technologies dans l’industrie. Et ce, avec la confiance de nos clients car nous connaissons bien leurs systèmes. Nous pouvons leur proposer des solutions adaptées : une réponse numérique à un besoin industriel.
Quels sont les grands enjeux de l’industrie en 2019 ?
Jean-Louis : Il y a notamment la problématique de la cybersécurité. La transformation digitale n’ira pas sans. Nous créons aussi des problématiques que l’on n’avait pas avant. Chez Clemessy nous travaillons pour des clients dans la défense nationale, mais aujourd’hui les problèmes de sécurité se posent aussi au niveau du particulier.
Kévin : La prédiction entre de plus en plus en compte dans le milieu industriel, car les enjeux sont d’anticiper, de réduire les coûts et les délais.
Jean-Louis : Oui ! Par exemple, nos clients fabricants dans l’agroalimentaire doivent changer un filtre régulièrement, mais ils se rendent compte en le changeant qu’il aurait encore pu durer. Nous pouvons ajouter des capteurs avec de la data science pour créer un modèle du comportement normal de la machine, et informer l’exploitant lorsqu’arrive le moment opportun pour changer le filtre.
Xavier-Noël : Ce qui est parfaitement cohérent avec la démarche de développement durable indispensable pour tous aujourd’hui.
Kévin : Et les entreprises y trouvent leur compte, car l’économie entre en jeu également. Il faut combiner économie, écologie et sociétal pour que cela marche.
Jean-Louis : C’est le cas de toute la transformation numérique. Elle nécessite une approche globale et pas uniquement technologique, car derrière les systèmes, il y a des femmes et des hommes, avec des métiers aussi variés que complexes. Le tout c’est de faire matcher ces innovations avec les métiers et les habitudes des personnes.
Xavier-Noël : Mettre l’humain au cœur du système ! D’ailleurs, il ne s’agit pas toujours d’inventer une nouvelle technologie : les gros acteurs qui réussissent ont su bien utiliser les technologies qui existent déjà.
Jean-Louis : Oui, d’autant que la maturité des entreprises est différente du point de vue de l’usage du numérique.
Kévin : Pour donner un exemple dans le bâtiment : c’est un milieu qui n’était pas communiquant vers l’extérieur il y a quelques années, mais qui doit désormais être interconnecté, prédictif, s’auto-analyser pour permettre à l’humain d’y vivre le mieux possible (confort, consommation énergétique la plus faible possible). Des moteurs qui étaient de simples exécutants hier, deviennent intelligents aujourd’hui. Au lieu que le système de régulation soit déporté, il est intégré dans le moteur et permet de réguler une installation avec finesse. Ceci est rendu possible avec des informations telles que le niveau de CO2/COV, la température, l’hygrométrie, pour réguler une ventilation par exemple.
Jean-Louis : La problématique est en effet de capter la donnée, au plus proche d’une usine, d’un bâtiment… Le problème c’est le prix de cette instrumentation. D’où l’intérêt d’y penser dès la conception.
Kévin : D’autant que nous pensons à l’échelle d’un bâtiment. Mais à l’échelle de plusieurs bâtiments ou d’une ville, ce sera crucial également : gérer la production d’eau chaude en fonction des habitudes de tel ou tel bâtiment / quartier…
De nombreux enjeux qui ne vont pas l’un sans l’autre ! Merci pour votre participation à cette interview croisée.