Pierre Fritsch, de Impact Positif, locataire du bureau partagé, travaille au même endroit que son grand-père qui fut ouvrier à l’usine de la SACM, Société Alsacienne de constructions mécaniques !
Nous avons interviewé Roger Fritsch, le grand-père en question, pour en savoir plus sur cette histoire de famille.
Des souvenirs émouvants et marquants d’après-guerre !
De quand à quand avez-vous travaillé à la SACM ?
J’ai commencé mon apprentissage en 1944 sous l’occupation allemande. A l’époque j’étais hébergé chez mon oncle Xavier, rue de Bâle. Je me souviens avoir dû traverser des cratères de bombes après le passage des avions alliés au-dessus du secteur de la gare.
L’apprentissage se faisait dans une baraque sur le site. Il fallait ajuster des pièces métalliques à la lime. Au retour des français, ceux-ci étaient étonnés de ma dextérité avec la lime et j’ai été embauché en 1945 en tant qu’ajusteur.
J’ai continué à me former puis je suis entré dans le service métrologie en tant qu’ajusteur-contrôleur. A partir de 1983, je me suis rendu en formation à Paris.
A mon retour, courant 1984, j’ai installé et étalonné les deux premières tables de contrôle capables d’effectuer des mesures à 0,001mm près avec un équipement électronique et une lecture sur écran. Jusque-là les contrôles se faisaient au moyen d’optiques (NDLR : Les prémices du numérique à KMØ !).
En décembre 1985, on me demande de prendre ma retraite anticipée. Fin d’une époque, arrêt soudain d’une vie de quarante années dévouées à la SACM.
Je n’ai plus remis les pieds sur le site avant cette année et en particulier lors de la journée de l’architecture ou j’ai rendu visite à mon petit-fils, Pierre, dans le bâtiment KMØ.
Sa visite lui a fait remonter de nombreux souvenirs, on voyait qu’il était ému. Il a plusieurs fois utilisé son expression favorite « Eh ben ! ». Il était impressionné. Et j’ose croire qu’il était assez fier de moi, il m’a plusieurs fois félicité (même s’il ne comprend toujours pas vraiment ce que je fais).
Pierre Fritsch
Qu’est-ce que vous avez apprécié dans ce quartier ?
Je partais de mon domicile (dans le Sundgau) à 5h, au début en vélo, plus tard en solex, en longeant un sentier tracé au travers de la Hardt pour prendre le train à Schlierbach. Puis à pied depuis la gare pour entrer à l’usine à 7h. En hiver, je descendais avec mon frère en fin de semaine pour tracer le sentier dans la Hardt au travers de la neige. A midi le repas se prenait à la cantine de l’usine (le soir, je rapportais des restes de baguette que mes enfants mangeaient avec délice). Fermeture de l’usine à 18h. trajet à pied jusqu’à la gare, train, vélo ou solex jusqu’à la maison. Pas moyen d’apprécier la ville de Mulhouse !
En revanche, certains de mes collègues sont vite devenus de très bons amis. Je pense à une famille dans la Giasarei (Fonderie) où se vivait l’entraide et la solidarité.
Un grand merci à Roger Fritsch de nous avoir raconté ses souvenirs de la SACM, et à son petit-fils, Pierre Fritsch de nous avoir permis de partager ce récit.